Le vase brisé

Un poème français qui me parle, comment ne pas faire de parallèle entre ce vase et le cœur, le corps, brisés également ?
J’avais écrit un texte (de moindre qualité) intitulé Coquille (vide), dans la même idée…

Le vase où meurt cette verveine
D’un coup d’éventail fut fêlé ;
Le coup dut l’effleurer à peine :
Aucun bruit ne l’a révélé.

Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D’une marche invisible et sûre
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s’est épuisé ;
Personne encore ne s’en doute ;
N’y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu’on aime,
Effleurant le cœur, le meurtrit ;
Puis le cœur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;

Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde ;
Il est brisé, n’y touchez pas.

René-François Sully Prudhomme, Stances et poèmes, 1865

Un vase bleu, brisé mais debout, dedans, deux bleuets, une rose bleue et une tulipe bleue également.

©NotreFamilleÉtoilée

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